Cette communication relèvera de l’éthique interdisciplinaire pour l’éducation et la formation. On pourrait aussi la décrire comme procédant d’une philosophie de l’éducation substantiellement inscrite dans la multiréférentialité constitutive des sciences de l’éducation et de la formation. Nous nous y emparerons du point de l’appel à contribution de la thématique visée concernant les demandes croissantes d’individualisation des enseignements, apprentissages et accompagnement que la numérisation tout à la fois révèle, porte et catalyse. Dans un premier temps, nous montrerons que la numérisation du monde, surtout du monde démocratique occidental contemporain, peut être interprété de manière féconde via une grille de lecture tocquevillienne ou néo-tocquevillienne. Le XXIème siècle, soutiendrons-nous, marque la rencontre de l’ethos démocratique avec les moyens technologiques de ses ambitions normatives, en particulier au plan des relations interindividuelles. Dans un second temps, nous mettrons à l’épreuve l’hypothèse selon laquelle ce diptyque de la numérisation et de l’individualisation de l’école nous invite plus largement d’une part à penser fondamentalement la question de l’accompagnement de l’individualisme démocratique, et d’autre part à repenser la formation aux métiers de l’enseignement comme métiers de service dans des relations interindividuelles singularisées.