Dans les pratiques visant l’éducation à l’esprit d’entreprendre (EEE), les enseignants sont aux prises avec des dispositifs se référant aussi bien au monde éducatif qu’au monde des entreprises. Ceux-ci reposent souvent sur le recours d’un tiers extérieur représentant et/ou promouvant le domaine entrepreneurial, avec pour effet de modifier le cadre habituel de planification et d’intervention des enseignants. Prenant place dans un ensemble de travaux s’intéressant à de telles pratiques (Champy-Remoussenard et Starck, 2018 ; de Miribel et Sido, 2021 ; Pepin, 2017 ; Pittaway et Cope, 2007), cette proposition analyse la manière dont le travail enseignant se voit bousculé, voire partiellement recomposé, par des dynamiques et tensions suscitées par le déploiement des dispositifs d’EEE. L’analyse repose sur l’observation directe de trois dispositifs développés à l’échelle d’une région académique française et sur une enquête par questionnaires auprès de 59 élèves. Des entretiens complémentaires auprès d’enseignants sont en cours de réalisation. Si les pratiques observées conduisent à interroger les finalités éducatives (Chambard, 2014 ; Tanguy, 2017) les données collectées font ressortir, à travers une lecture de l’activité enseignante, des stratégies d’appropriation, de récupération, ou de non investissement, de la part des enseignants qui traduisent, dans l’activité, une accommodation relative de ces dispositifs.