En France, la question de l’orientation des jeunes de milieu populaire fait historiquement l’objet de débats (Girard et Bastide, 1963 ; Broccolichi et Sinthon, 2011). Bien que représentant une mission dévolue au système éducatif, des entrepreneurs de cause (Cobb et Elder, 1972) ou de politiques publiques (Kingdon, 1984) peuvent désormais intervenir notamment dans le champ de l’orientation. Or, rares sont les travaux à avoir interrogé les enseignants sur cette remise en cause de la forme scolaire. Plusieurs questions émergent : quelles sont les représentations des enseignants concernant leur propre rôle dans l’orientation des élèves ? Comment perçoivent-ils ces entrepreneurs de cause qui mettent en œuvre des actions annexes à celles de l’institution scolaire ? Dans le cadre de l’évaluation d’une expérimentation mise en œuvre par une association, nous avons mené dans cinq collèges situés en éducation prioritaires, des entretiens semi-directifs auprès de douze professeurs principaux de classes de 3ème. Les premiers résultats issus d'analyses thématiques indiquent que la plupart considère l’éducation à l’orientation comme faisant partie du cœur de leur métier et ont néanmoins des pratiques variées en la matière. Tous sont par ailleurs convaincus de l’intérêt de faire intervenir des entrepreneurs de cause pour compléter l’action de l’institution scolaire.