« Qu’est-ce que je fous là ? » Telle était la question que Jean Oury invitait à se poser, sans détours. Cette formule peut s’entendre comme interpellation d’une légitimité (de quoi s’autorise-t-on quand on prétend éduquer ou soigner ?), ou comme traduction de l’inconfort profond qui peut-être ressenti au fil d’une carrière. C’est aussi la question féministe qui, chez la "rabat-joie" (Ahmed, 2006) fait réclamer une place à la table des décisions , claquer la porte, interroger nos trajectoires : que puis-je savoir depuis cette place qui est la mienne, et à quel prix ? (Haraway, 1988) Partant de cette question, que peut-on mettre au travail entre l’écoute des idéaux qui sous-tendent les projets professionnels des étudiant·e·s, et notre responsabilité dans leurs désillusions ? Cette communication se propose d’interroger le « qu’est-ce que je fous là » de l’enseignant·e témoin de sa formulation chez de futur·e·s professionnel·les, en tressant les fils suivants : un mouvement réflexif sur une expérience d'enseignement universitaire (auprès d’étudiant·e·s en Sciences de l’Education et Etudes de Genre) ; un corpus de textes de l'institutionnel et des pédagogies féministes ; une recherche ethnographique, dans une institution médico-éducative, qui accueille internes en psychiatrie, et stagiaires éducateurs ou psychologues.