Le gouvernement du canton de Neuchâtel (Suisse) a entamé une profonde réforme structurelle du mode de répartition des élèves du secondaire 1 en 2015. Les politiques ont adopté un système de classes hétérogènes avec des groupes de niveau dans certaines disciplines au lieu d’un système filiarisé. Nombreux sociologues et politistes (Lessard & Carpentier, 2015 ; Mégie, 2014) ont mis en lumière un découplage important entre la conception d’une politique et ses effets. Toutefois, ils sont peu nombreux à proposer une typologie des réactions des acteurs locaux en contexte de réformes structurelles. Comment les enseignants (acteurs locaux) se réapproprient le cadre d’une réforme structurelle et dans quelle mesure ils changent leurs pratiques professionnelles ? Afin de répondre à ces questions, une cinquantaine d’entretiens ont été menés avec des enseignants entre janvier et mai 2019. La cohorte regroupe des enseignants de divers établissements aux profils socioéconomiques variés. Tous ont été analysés avec AtlasTi. Nous dépassons le concept communément partagé de résistance au changement en montrant que certains individus peuvent s’approprier un élément de la réforme tout en adoptant une attitude inertive sur d’autres aspect. Nous discutons aussi le concept d’appropriation de façade dans le cadre d’une nouvelle typologie proposée utile en matière d'analyse du travail enseignant.