Selon de nombreuses recherches, la philosophie pour enfants (PPE) est pertinente pour travailler avec des élèves les compétences relevant de l’éthique et du dialogue de l’actuel programme d’Éthique et Culture Religieuse. C’est pourquoi, a priori, former les étudiants se destinant au métier d’enseignant aux méthodes de la PPE semble une bonne idée. Cependant, en pratique, deux obstacles viennent perturber cet apprentissage. Premièrement, sur le plan de la didactique, la PPE construit une posture pédagogique de l’enseignant aux antipodes de la posture magistrale classique et connue des étudiants. Ce décalage n’est pas facile à appréhender pour certains étudiants, et la reconstruction d’un nouveau contrat didactique leur demande un temps d’adaptation parfois considérable. Secondement, sur le plan de l’éthique, la PPE propose des dispositifs réflexifs qui l’éloigne radicalement, en théorie, de toutes volontés de moralisation. Or, ces dernières sont souvent tentantes pour les étudiants, car l’impression de transmettre ainsi, de façon efficace, un contenu éthique est plus forte. C’est pourquoi la PPE semble peu « rentable » aux yeux des étudiants. Notre présentation abordera ainsi ces deux obstacles, ainsi que leurs enjeux, pour les étudiants comme pour les enseignants, pour l’apprentissage d’une posture éthique professionnelle avec les moyens de la pédagogie universitaire.