En France, des activités physiques dites de « bien-être » (Necker, Boizumault, 2020) ont récemment pénétré l’école. Le projet SYFRAME (2020-2021) financé par la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société de Toulouse, s’est intéressé aux usages du yoga au sein de l’espace scolaire (niveaux primaire et secondaire), en s’appuyant notamment sur les théories de la socialisation corporelle (Darmon, 2006), de la santé et du travail (Demazière, Morissette, Zune, 2019). L’enquête a notamment permis d’interroger des enseignants de diverses disciplines et personnels de l’éducation (n= 33), essentiellement des femmes, mobilisant le yoga en classe ou dans le cadre de projets spécifiques mais aussi pour elles-mêmes. Chez elles, le yoga est présenté comme un élément de transformation du vécu de l’activité professionnelle. Ainsi, au-delà d’une démarche de bien-être pour soi et pour les élèves, le recours au yoga peut être vue comme une réponse, pour ces expertes de l’éducation, à des formes de tension professionnelles et, in fine, comme une forme de socialisation d’ajustement (Laurens et Serre, 2016) visant à transférer des savoirs et savoir-faire afin d’enrichir, voire de renouveler, le sens du métier, la relation pédagogique et/ou d’alimenter des formes de reconnaissance professionnelle.