Nous présenterons, dans un premier temps, une étude qualitative qui décrit les expériences scolaires vécues par des jeunes québécois (n = 18) dont les parents sont nés en Amérique latine, du primaire jusqu’au postsecondaire. L’analyse révèle que les jeunes, à travers leur discours, soulignent l’existence d’une frontière axée sur une différence linguistique liée à des rapports de pouvoir entre ceux qu’ils nomment les Québécois francophones et les autres. Ils relatent des situations d’interactions pouvant paraitre banales pour le groupe majoritaire, mais qui les ramènent constamment à leur positionnement social qu’ils qualifient d’infériorisant. Pour ces jeunes, la frontière axée sur une différence linguistique les amène à se sentir moins compétents en français. Ils relatent que le système éducatif ne prendrait pas suffisamment en compte leurs difficultés. Dans un deuxième temps, nous discuterons de notre interprétation des forces et limites de cette recherche pour transformer la culture organisationnelle en milieux éducatifs, afin de lutter contre la discrimination linguistique. Nous aborderons deux enjeux : 1) la mobilisation des connaissances vers les milieux éducatifs afin de susciter des réflexions et changements institutionnels à travers des recherches-action ou collaboratives et 2) l’influence du positionnement social des chercheuses impliquées dans l’ensemble du processus de la recherche.