En France, les considérations politiques pour les inégalités territoriales d’éducation contribuent à la création, en 1981, des zones d’éducation prioritaires (ZEP), rebaptisées, dans les années 2000, réseaux d’éducation prioritaire (REP). Destinés à résorber les inégalités scolaires entre les territoires populaires et les autres territoires, ces réseaux doivent certes leurs formes aux enseignants mais aussi aux coordinateurs de l’éducation prioritaire : ceux-ci sont investis d’une mission de pilotage et d’activation du dispositif. Une enquête ethnographique menée entre 2015 et 2018 auprès de l’ensemble des acteurs de l’éducation prioritaire dans un territoire rural du Sud-Ouest de la France permet, tout d’abord, de restituer les ressorts indissociablement biographiques, sociodémographiques et administratifs de la construction de leur expertise : celle-ci s’effectue dans le cadre des relations qu’établissent, dans un territoire, ces acteurs avec les populations et les personnels pédagogiques. Il est possible, ensuite, de mettre au jour la manière dont cette mission de coordination, structurée autour d’activités d’animation et de contrôle de la pratique pédagogique, retentit sur leur professionnalité : les coordinateurs sont le pivot de l’inscription et du façonnement des acteurs dans et par l’éducation territorialisée.